Cathedral Cherries
- maxoumessageot
- 10 janv.
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 mars
Nous arrivons donc à Cathedral Cherries, notre prochain job pour le mois de décembre. Le lieu est vraiment sympa et nous sommes heureux d'avoir quitté la ville pour se retrouver à la campagne. La plupart des saisonniers sont des backpackers étrangers, on doit être une cinquantaine en tout. Quatre personnes parmi les saisonniers ont déjà fait une ou plusieurs saisons ici, et ça nous rassure. Le lieu est très sympa et nous nous disons que si les gens reviennent c'est que le travail doit être chouette.
On rencontre donc Florine qui nous montre un peu les lieux, nous donne les QR codes nécessaires pour s'enregistrer et signer nos contrats. Nous prenons une bonne douche et et nous installons ensuite dans une chambre de deux lits doubles avec Noé et Amaury qui sont déjà là depuis une semaine.
Il y a 4 chambres dites "de couples" et 4 dortoirs mixtes. Nous sommes bien contents d'avoir une place dans la chambre d'Amaury et Noé et de ne pas devoir être dans les dortoirs de 10 personnes. On nous a aussi proposé de s'installer dans le bus sur le terrain : Un vieux bus Volkswagen aménagé, très vintage mais où nous n'aurions pas vraiment été à l'abris de la chaleur ou de la pluie. Ne sachant pas trop quand est-ce que nous aurions à nouveau un lit lors des prochaines aventures nous avons donc opté pour le confort de la chambre.
L'endroit a l'air super mais nous entendons quand même quelques remarques qui nous font douter de la qualité de vie et du travail. "Ah vous êtes Français ? Il y en avait pleins mais ils sont tous partis, on ne vous dit pas pourquoi vous allez très vite le découvrir" "Welcome to your nightmar... uhm... I mean welcome to Cherry Cathedral"
Ce ne sont peut être que des blagues mais nous trouvons que c'est un drôle d'accueil.
Nous discutons un peu du travail avec les personnes qui sont là depuis un moment. Nous avons hâte mais appréhendons aussi un peu car sur le contrat que nous venons de signer il est bien inscrit qu'il faut cueillir un minimum de 11 kilos de fruits par heure et nous ne nous rendons pas compte de ce que ça représente réellement. On ne nous rassure pas vraiment en nous expliquant que le poids est difficile à atteindre dans les temps impartis et que les supérieurs mettent la pression.
Noé essaie de nous rassurer en nous disant qu'en étant motivés et prêts à bosser, il ne devrait pas y avoir de souci pour nous, mais c'est vrai qu'en arrivant dans cette ferme personne ne s'attendait à cette pression. Sur l'annonce du job, les employeurs insistaient sur le fait que ce n'était pas un job pour se faire plein d'argent et que cela ne devait pas être notre but premier, pourtant, apparemment les supérieurs ne parlaient que de rentabilité et si jamais on ne cueillait pas assez vite ils n'avaient pas de raison de nous garder.
On nous parle donc du fait qu'il y ait beaucoup de pression mais on nous dit aussi ensuite de ne pas trop s'inquiéter non plus. Qu'il faut juste garder un rythme en travaillant mais que les tâches ne sont pas sorcières non plus. Ça va le faire, de toute façon on nous laissera sûrement 2 ou 3 jours pour prendre le rythme.
Au final, nous sommes convoqués le lendemain matin pour un premier shift de packing (ce qu'on appelle le "shed" (hangar) car c'est le lieu où nous avons rendez-vous pour trier les cerises). Le packing consiste à trier les cerises et les mettre en boîtes. Ce sont des sessions de 2h30 en général. Ce premier shift se passe plutôt bien. On ne va pas se mentir, ce n'est pas du tout un job passionnant, mais bon au moins ça nous fait voir un métier auquel on n'avait jamais trop pensé.

C'est vrai que lorsqu'on achète des cerises au supermarché on ne se doute pas forcement de tout le process qu'il y a derrière. On est donc face à un tapis roulant pendant 2h30 avec devant nous deux tuyaux. Les cerises défilent et nous devons trier d'une part les cerises abimées/pourries et d'autre part celles trop petites/pas assez mûres. Le long de ce tapis, cinq personnes font ça, histoire d'être sûrs de garder essentiellement les bonnes cerises pour la vente. Au bout du tapis, quelqu'un met les cerises en boîte, puis ces boîtes sont données à deux autres personnes qui se chargent de peser et rectifier la quantité pour ensuite mettre les boîtes en carton. Un travail à la chaine pour permettre la rapidité et l'efficacité.
Les cerises qui ne sont pas mûres ou trop petites (qu'on appelle "seconds") sont gardées pour faire de l'alcool, celles qui sont pourries ou trop abimées sont données aux bétails.
Nous sortons de ce shift plutôt satisfaits. Nous étions stressés de ce que nous avions entendu et le shift s'est tout de même bien passé. Nous avons mal à la nuque d'être restés debout à regarder un tapis. Pendant deux heures, mais bon, nous penserons à nous étirer pour les prochains jours. Le lendemain, nous sommes appelés pour faire 2h de picking. pendant ces deux heures, nous remplissons 3 lugs pour ma part et 4 lugs pour Max (Un lug correspond à 11 kilos) ; encore une fois cela nous rassure, nous sommes au dessus du minimum requis. Les deux heures passent super vite. Nous ne savons pas encore comment ce sera sur des journées complètes mais pour l'instant, c'est plutôt chouette.
Nous avons donc une petite caisse blanche que nous portons constamment sur nous et que nous remplissons de cerises. Une fois que celle-ci est remplie nous la versons dans un lug vert (une caisse de 11kilos) sur lequel nous avons inscrit notre numéro avec nos initiales. Dès que notre lug est rempli, nous fermons les hanses métalliques pour signaler aux supérieurs qu'ils peuvent le ramasser. Ils passent à peu près toutes les heures dans les rangées de champs de cerises pour ramasser les lugs terminés qui sont posés sous les arbres à l'ombre.
Cela a beau être chouette, le problème c'est qu'il n'y a pas beaucoup de travail pour l'instant. Le logement est à 58 dollars la nuit... par personne. Ce qui est extrêmement cher, un prix dont nous étions au courant dès le départ et que nous étions prêt à payer si nous travaillions en échange. C'est simple, il faut que nous travaillions 2h30 par jour pour rembourser la nuit, mais pour l'instant nous les faisons à peine. L'idée de venir ici était surtout de comptabiliser pour nos 88 jours, et d'en profiter pour économiser. Pour l'instant, nous avons l'impression de travailler pour pouvoir rembourser nos nuits sans faire aucun bénéfice et dans l'espoir de ne pas avoir de dettes à la fin de la saison.
Pour cumuler une journée de travail pour nos 88 jours il faut travailler minimum 6 heures. À ce rythme, il nous faudra 3 jours pour valider 1 jour. Bref, nous essayons de relativiser en nous disant que nous sommes peut-être arrivés au mauvais moment mais que la saison va commencer et que les choses vont changer. Nous sommes nourris, logés et entourés de plein de jeunes voyageurs, le cadre est chouette donc il n'y a pas trop de quoi se plaindre non plus. Mais c'est vrai que tout le monde se plaint autour de nous et c'est dur de garder la tête froide, c'est un peu alarmant de voir que même les gens qui sont là depuis plusieurs semaines ne sont pas satisfaits. Les supérieurs nous annoncent que le dimanche sera une journée off et que la semaine prochaine la cueillette et la pleine saison devraient enfin réellement commencer.
Nous nous accrochons donc à cet espoir et décidons de profiter de notre journée off
le lendemain, en allant faire un tour à vélo avec Michael (un australien qui vient faire la saison ici depuis 4 ans). Nous allons au lac Elidon à 30 km de la ferme. Nous passons une belle journée, nos vélos paraissent si léger sans toutes nos affaires dessus. Nous voulions aller au lac pour nous baigner mais l'accès pour la baignade est beaucoup plus loin et nous ne voulons pas rallonger la trotte. Nous trouvons donc une rampe de mise à l'eau et décidons de nous rafraîchir les jambes avant de repartir. Sur le retour, au premier village, nous nous arrêtons pour manger dans un restaurant libanais, après quoi nous rentrons tranquillement. Nous voyons pas mal d'animaux sur notre chemin, malheureusement tous morts sur le bas-côté de la route : un wombat, un lapin et un Eastern Brown Snake (les serpents, dont le venin est mortel... celui-là, bizarrement, c'était peut-être pas plus mal de le voir mort).


Le soir, de nouveaux arrivants à la ferme : Max et Juliette un couple de Français avec qui nous accrochons pas mal. Ils décident de s'installer dans le bus Volkswagen faisant une croix sur le confort de la chambre pour un peu plus d'intimité. Max et Juliette sont arrivés en Australie quasiment en même temps que nous et ont fait un mois de woofing avant de venir ici.
Lundi matin nous sommes convoqués pour le picking à 6h du matin nous faisons une première journée de 8h de picking suivie de 2 heures de shed. Épuisés, mais super contents d'avoir travaillé 10h, le lendemain nous travaillons 5h30 et nous nous disons que c'est bon, la saison commence enfin et les journées vont se suivre ainsi. Malheureusement, le lendemain on nous annonce une journée off, puis le lendemain nous travaillons 2 heures. Nous avons l'impression que c'est sans fin, le peu de bénéfices que nous faisons s'évapore avec les journées off qui suivent.
L'avantage c'est que nous avons fait de superbes rencontres, nous partons une après-midi au lac Elidon (en voiture cette fois) avec Amaury, Noé, Juliette et Max.
Nous faisons une autre journée au Lac Hume plus tard dans la semaine où nous rencontrons des amis de Max et Juliette qui sont en Australie depuis un moment ; ca permet d'échanger, de voir comment chacun vit son aventure et c'est vraiment sympa.
Tout ça est vraiment chouette, mais nous avons l'impression d'être en colonie de vacances plutôt que d'avoir un vrai travail.
Et certains aspects de ce lieu commencent réellement à nous gêner.
Nous payons comme dit précédemment 58 $ la nuit pour la nourriture et les commodités. Depuis notre arrivée la machine à laver ne fonctionne pas et en attendant de réparer celle-ci les gérants nous ont dit de nettoyer nos vêtements dans l'étang si nous étions si pressés (cela fait déjà une semaine qu'elle ne marche pas). Quant à la nourriture : nous avons un dîner chaud tous les soirs (qui se compose essentiellement de produits décongelés et frit...) et le reste du temps ce sont des pains de mie et du beurre de cacahuètes. Bien que nous aimions le beurre de cacahuètes, nous sommes au bord de l'overdose à manger des tartines toute la journée.
Nous décidons donc de commencer à chercher autre chose. L'idée serait de rester ici jusque Noël pour fêter à la ferme avec tout le monde, puis de trouver autre chose pour le début d'année 2024. Nous postulons donc un peu partout, bénévolat, hôtellerie, parcs animaliers, cuisine, fermes...
Notre candidature retient l'attention d'une brasserie en Nouvelle Galles du Sud, nous avons donc un entretien pour être cuisinier dans cette brasserie en bord de mer. L'entretien se passe super bien, la responsable semble vraiment intéressée par nos profils. Elle nous explique que la brasserie a été fermée pendant plusieurs mois, qu'elle vient donc de changer de propriétaire et que l'ouverture est prévue le 18 décembre et qu'il faudrait idéalement arriver à cette date. Nous pesons le pour et le contre ; et bien que partir dans quelques jours nous embête un peu car nous voulions vraiment passer les fêtes avec les personnes que nous venions de rencontrer, nous ne voulons pas non plus laisser passer cette opportunité et acceptons donc le poste.
Nous profitons des jours qu'il nous reste dans cette "colonie de vacances" à faire des feux de camp, des balades le soir, des photos, des jeux de société...
Nous serons donc à peine restés 2 semaines à la ferme de cerises, nous aurons gagné 400 dollars durant cette période. Nous aurions aimé avoir plus de temps pour préparer notre départ et nous aurions aimé pouvoir y aller à vélos, mais les délais sont trop courts et nous décidons donc d'opter pour le train
Le trajet semble périlleux .. avec nos escales nous en avons pour 26h (plus qu'un Paris - Melbourne) pour parcourir 400 km...
On sent que ça va être compliqué mais nous sommes prêts pour ce nouveau chapitre de voyage.
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