Premier trajet à vélo

Melbourne CBD - Taggerty : 140km en deux jours.

Nous voulons partir le 27 novembre mais la météo en décide autrement. De grosses averses et de l'orage sont prévus ce jour-là et nous préférons donc jouer la carte de la sécurité en repoussant le départ au lendemain.

Nous partons le jeudi 28 novembre à 8h, nous avons une distance de 75 km à parcourir avant d'arriver à Mount Toolebewong, là où nous avons prévu de passer notre première nuit. Les premiers 20km passent super vite et le temps est très agréable. Il y a pas mal de "bosses". Pour moi qui ne suis pas encore habituée à mon vélo et à changer les vitesses avec les différents plateaux, ces montagnes russes me mettent bien à l'exercice.

Mine de rien, ces routes vallonnées sont épuisantes pour tous les deux.

Au bout de 30 km nous commençons vraiment à avoir envie d'une pause et nous espérons trouver un endroit où manger assez rapidement.

La première possibilité que nous voyons c'est une station-service avec des fast-food aux alentours mais cela ne nous tente pas vraiment et nous espérons trouver quelque chose de plus sympa dans la prochaine ville.

2 kilomètres plus tard Max repère une enseigne de Bagel et nous nous y arrêtons. Malheureusement le lieu est fermé. Nous profitons quand même de ce moment pour faire une pause d'une vingtaine de minutes et grignoter ce que nous avons pris avec nous.

C'est seulement 20km plus tard (à 65 km) que nous trouvons enfin un endroit où manger. Ces kilomètres là sont vraiment difficiles. Nous sommes épuisés, le terrain n'est pas plat, les vélos sont lourds, le soleil tape et l'envie de faire une vraie pause est plus que présente. À bout, nous sommes soulagés de tomber sur un vignoble avec un petit restaurant.

Nous nous arrêtons donc à Blueberry Winery et commandons à manger. Le personnel est adorable. Les serveurs nous ramènent de l'eau et des glaçons pour remplir tous nos bidons. Nous restons là 2h le temps de reprendre des forces.

Il nous reste plus que 9 km avant de passer la nuit chez Anne, mais sur ces 9 km nous devons aller en haut du Mount Toolebewong et nous savons que cela va être la partie la plus difficile de la journée (800 m de dénivelé positif). Nous pensons avoir repris des forces mais les montées paraissent insurmontables, il nous reste moins de 10km mais nous allons avoir besoin de plus de deux heures pour les parcourir, poussant les vélos sur la majeure partie du trajet. Le paysage est cependant magnifique, nous sommes sur une route au milieu de très grands arbres avec de hautes fougères comme nous n'en avons jamais vus en France. À 5 km de l'arrivée nous hésitons à "abandonner", à planter notre tente plus bas, plutôt que d'aller jusqu'en haut de la montagne. Nous n'avançons plus, Max commence à avoir des crampes aux cuisses. À ce stade, même pousser le vélo devient difficile.

Nous parvenons cependant à nous remotiver et finissons par arriver chez Anne qui nous accueille chaleureusement. Nous déposons nos vélos dans son garage et elle nous montre notre chambre pour la nuit, elle nous fait visiter sa maison et nous pouvons enfin retirer nos vêtement humides et plein de transpiration pour prendre une bonne douche. Nous échangeons un peu avec Anne et Leni (son mari) avant le dîner. Ils nous parlent de la coopérative dans laquelle ils vivent (Moora-Moora cooperative) et comment le lieu fonctionne. Nous dînons ensuite ensemble avec une de leurs voisines Suzanna.

Apres le dîner, nous allons faire une balade avec Anne qui nous montre les alentours : le jardin de fruits et légumes, la salle des fêtes, l'endroit où elle travaille sur les panneaux solaires, le ruisseau duquel provient toute l'eau qu'utilise la coopérative...

La cooperative n'est pas autosuffisante mais tend vers ce mode de vie là. Nous voyons plein d'animaux. Des petits lapins mais aussi des wombats (aussi appelés bear-pigs (ours-cochons)) et des kookaburra (des oiseaux dont le cri ressemble à celui d'un singe, ou encore à un rire humain). Nous ne rentrons pas très tard mais décidons d'aller tout de suite nous coucher, épuisés par la journée et gardant en tête que nous devrons faire 60 km le lendemain.

Apres une bonne nuit de sommeil nous nous réveillons à 7h3O, petit-déjeunons chez Anne et Leni et, pour la première fois depuis notre arrivée en Australie, nous buvons un vrai expresso. Ça change du café instantané et ça fait du bien. Nous remercions Anne et Leni pour leur accueil et nous nous remettons en route pour la ferme de cerises. Nous commençons par 15 kilomètres de descentes que nous prenons le temps d'apprécier. Plus d'une demi-heure sans utiliser les pédales, Ça fait plaisir. Nous avons quand même bien mal aux fesses de la veille, mais cette journée est censée être bien plus simple. Aujourd'hui deux grandes montées nous attendent.

La première est difficile mais nous la passons sans trop de soucis. Cependant, la deuxième paraît insurmontable : il est bientôt midi et il commence à faire très chaud, la route sinueuse ne nous laisse pas beaucoup d'espace pour rouler à coté des voitures.

Nous devons à nouveau pousser les vélos car les montées sont trop raides. À 800m du sommet de la Maroondah Highway climb, j'ai l'impression de ne plus pouvoir avancer, j'ai besoin de faire une pause mais il n'y a pas d'espace pour et nous arrêter sur cette route serait trop dangereux. Max me remotive donc et nous arrivons jusqu'au sommet où nous trouvons un espace pour s'arrêter et souffler. Il y a des bancs ce qui nous permet de nous reposer et de reprendre des forces pendant une vingtaine de minutes avant de repartir.

L'avantage d'une aussi grosse montée c'est que s'ensuit une belle descente. Nous ne touchons plus aux freins et nous nous laissons rouler sur une dizaine de kilomètres jusqu'à Narberthong un village désert où nous apercevons un petit panneau en bois sur lequel il est inscrit "homemade pies". Max n'a pas l'air emballé mais étant donné qu'il n'y a rien d'autres dans les alentours nous décidons de suivre ce panneau et toquons à, ce qui semble être, une petite maison familiale.

Une dame nous accueille et nous propose une tarte au bœuf bourguignon.

Elle et son mari tiennent cette petite maison d'hôtes. Une de leurs filles habite aussi avec eux. La dame nous explique qu'une course de cyclistes qui traverse une partie de l'état de Victoria se tient chaque année ce dimanche (dans deux jours) où des milliers de cyclistes passent par ici et s'arrêtent chez eux pour déjeuner. La dame a donc pris peur en nous voyant arriver, pensant que nous faisions partie de cette course elle s'est dit qu'elle n'était pas encore prête à recevoir tous les cyclistes.

Nous déjeunons en discutant avec cette famille. La femme nous parle de son amour pour la pâtisserie et du fait qu'elle rêverait d'aller en France, elle a quelques notions de français qu'elle garde de sa scolarité et nous raconte des anecdotes de ses cours de français avec un sourire enfantin et un regard qui semble empreint de nostalgie.

Après avoir bien discutés, le mari nous donne une brochure de leur maison d'hôte et nous invite à venir un soir diner et dormir chez eux. Il viendrait nous chercher en voiture à Taggerty et nous ramènerait. Nous n'aurons qu'à l'appeler et nous serons les bienvenus si nous avons besoin de faire une pause l'espace d'une soirée. Nous le remercions pour cette invitation et remercions toute la famille pour leur accueil chaleureux. Nous remplissons nos gourdes et nous mettons en route pour la dernière partie du trajet.

La fin est plutôt simple, nous sommes à moins de 30km d'arriver et nous avons hâte. Nous faisons une pause à une station-service pour boire quelque chose de frais et nous remettons en route rapidement jusqu'à la ferme où nous arriverons vers 16h30.

Une fois arrivés, nous rencontrons Florine (une des gérante) qui nous regarde sans trop savoir ce que nous cherchons. Quand nous lui disons que nous sommes là pour la récolte des cerises elle nous répond que c'est assez peu commun de voir des gens arriver à vélo. Florine est belge, elle nous explique donc en français la procédure d'arrivée à suivre et nous montre un peu les lieux, l'endroit est très joli et nous avons hâte de passer le mois de décembre ici.

Nous prenons une douche puis nous nous installons ensuite dans une chambre et rencontrons Amaury et Noé, nos deux colocataires de chambre pour le mois à venir. Nous rejoignons ensuite tous les saisonniers pour dîner.

Le début de l'aventure à la ferme des cerises peut commencer.